Maurice Maeterlinck

Pelléas et Mélisande: Drame lyrique en cinq actes

Tiré du théâtre de Maurice Maeterlinck; Musique de Claude Debussy
Publié par Good Press, 2022
goodpress@okpublishing.info
EAN 4064066076719

Table des matières


PELLÉAS ET MÉLISANDE
DU MÊME AUTEUR
PERSONNAGES.
ACTE I
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
ACTE II
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
ACTE III
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
ACTE IV
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
ACTE V
SCÈNE I

PELLÉAS
ET
MÉLISANDE

Table des matières

DRAME LYRIQUE EN CINQ ACTES
TIRÉ DU THÉÂTRE DE
MAURICE MAETERLINCK

MUSIQUE DE
CLAUDE DEBUSSY

BRUXELLES
Paul LACOMBLEZ, Éditeur
31, RUE DES PAROISSIENS, 31

1907

Dépôt pour Paris: CALMANN-LÉVY, 3, rue Auber.

DU MÊME AUTEUR:

Table des matières
Serres chaudes suivies de quinze chansons. Un volume in-18 jésus 3.00
L'Ornement des Noces Spirituelles de Ruysbroeck l'admirable, traduit du flamand et accompagné d'une Introduction. Un volume in-16, sur papier à la main 5.00
Les Disciples à Saïs et les Fragments de Novalis, traduits de l'allemand et précédés d'une Introduction. Un volume in-18 jésus 4.00
Les Sept Princesses, drame. Un petit volume in-18 jésus 2.00
Le Temple enseveli. Un volume in-18 jésus 3.50
Le Trésor des Humbles. Un volume in 18 jésus 3.50
La Sagesse et la Destinée. Un volume in 18 jésus 3.50
La Vie des Abeilles. Un volume in-18 jésus 3.50
Théâtre Tome I: La Princesse Maleine.L'Intruse.Les Aveugles 3.50
Théâtre Tome II: Pelléas et Mélisande.Alladine et Palomides.Intérieur.La mort de Tintagiles 3.50
Théâtre Tome III: Aglavaine et Sélysette.Ariane et Barbe-bleue.Sœur Béatrice 3.50
CHEZ LE MÊME ÉDITEUR:
Sept Essais d'Emerson, traduits par I. Will, avec une préface de Maurice Maeterlinck. Un volume in-18 jésus 3.50

Pelléas et Mélisande

DRAME LYRIQUE

PERSONNAGES.

Table des matières

ACTE I

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SCÈNE I

Table des matières

Une forêt.

On découvre Mélisande au bord d'une fontaine.—Entre Golaud.

GOLAUD.

Je ne pourrai plus sortir de cette forêt.—Dieu sait jusqu'où cette bête m'a mené. Je croyais cependant l'avoir blessée à mort; et voici des traces de sang. Mais maintenant, je l'ai perdue de vue; je crois que je me suis perdu moi-même—et mes chiens ne me retrouvent plus—je vais revenir sur mes pas…—J'entends pleurer… Oh! oh! qu'y a-t-il là au bord de l'eau?… Une petite fille qui pleure au bord de l'eau? Il tousse.—Elle ne m'entend pas. Je ne vois pas son visage. Il s'approche et touche Mélisande à l'épaule. Pourquoi pleures-tu? Mélisande tressaille, se dresse et veut fuir.—N'ayez pas peur. Vous n'avez rien à craindre. Pourquoi pleurez-vous ici toute seule?

MÉLISANDE.

Ne me touchez pas! ne me touchez pas!

GOLAUD.

N'ayez pas peur… Je ne vous ferai pas… Oh! vous êtes belle!

MÉLISANDE.

Ne me touchez pas! Ne me touchez pas! ou je me jette à l'eau!…

GOLAUD.

Je ne vous touche pas… Voyez, je resterai ici, contre l'arbre. N'ayez pas peur. Quelqu'un vous a-t-il fait du mal?

MÉLISANDE.

Oh! oui! oui, oui!…

Elle sanglote profondément.

GOLAUD.

Qui est-ce qui vous a fait du mal?

MÉLISANDE.

Tous! tous!

GOLAUD.

Quel mal vous a-t-on fait?

MÉLISANDE.

Je ne veux pas le dire! je ne peux pas le dire!…

GOLAUD.

Voyons; ne pleurez pas ainsi. D'où venez-vous?

MÉLISANDE.

Je me suis enfuie!… enfuie… enfuie!

GOLAUD.

Oui; mais d'où vous êtes-vous enfuie?

MÉLISANDE.

Je suis perdue!… perdue ici… Je ne suis pas d'ici… Je ne suis pas née là…

GOLAUD.

D'où êtes-vous? Où êtes-vous née?

MÉLISANDE.

Oh! oh! loin d'ici… loin… loin…

GOLAUD.

Qu'est-ce qui brille ainsi au fond de l'eau?

MÉLISANDE.

Où donc—Ah! c'est la couronne qu'il m'a donnée. Elle est tombée en pleurant.

GOLAUD.

Une couronne?—Qui est-ce qui vous a donné une couronne?—Je vais essayer de la prendre…

MÉLISANDE.

Non, non; je n'en veux plus! Je n'en veux plus! Je préfère mourir tout de suite…

GOLAUD.

Je pourrais la retirer facilement. L'eau n'est pas très profonde.

MÉLISANDE.

Je n'en veux plus! Si vous la retirez, je me jette à sa place!…

GOLAUD.

Non, non; je la laisserai là; on pourrait la prendre sans peine cependant. Elle semble très belle.—Y a-t-il longtemps que vous avez fui?

MÉLISANDE.

Oui, oui… qui êtes-vous?

GOLAUD.

Je suis le prince Golaud—le petit-fils d'Arkël, le vieux roi d'Allemonde…

MÉLISANDE.

Oh! vous avez déjà les cheveux gris…

GOLAUD.

Oui; quelques-uns, ici, près des tempes…

MÉLISANDE.

Et la barbe aussi… Pourquoi me regardez-vous ainsi?

GOLAUD.

Je regarde vos yeux.—Vous ne fermez jamais les yeux?

MÉLISANDE.

Si, si; je les ferme la nuit…

GOLAUD.

Pourquoi avez-vous l'air si étonné?

MÉLISANDE.

Vous êtes un géant?

GOLAUD.

Je suis un homme comme les autres…

MÉLISANDE.

Pourquoi êtes-vous venu ici?

GOLAUD.

Je n'en sais rien moi-même. Je chassais dans la forêt. Je poursuivais un sanglier. Je me suis trompé de chemin.—Vous avez l'air très jeune. Quel âge avez-vous?

MÉLISANDE.

Je commence à avoir froid…

GOLAUD.

Voulez-vous venir avec moi?

MÉLISANDE.

Non, non; je reste ici…

GOLAUD.

Vous ne pouvez pas rester seule. Vous ne pouvez pas rester ici toute la nuit… Comment vous nommez-vous?

MÉLISANDE.

Mélisande.

GOLAUD.

Vous ne pouvez pas rester ici, Mélisande. Venez avec moi…

MÉLISANDE.

Je reste ici…

GOLAUD.

Vous aurez peur, toute seule. On ne sait pas ce qu'il y a ici… Toute la nuit… Toute seule, ce n'est pas possible. Mélisande, venez, donnez-moi la main…

MÉLISANDE.

Oh! ne me touchez pas!…

GOLAUD.

Ne criez pas… Je ne vous toucherai plus. Mais venez avec moi. La nuit sera très noire et très froide. Venez avec moi…

MÉLISANDE.

Où allez-vous?

GOLAUD.

Je ne sais pas… Je suis perdu aussi…

Ils sortent.

SCÈNE II