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Vincent Balnat

L'appelativisation du prénom

Étude contrastive allemand-français

Narr Francke Attempto Verlag Tübingen

Inhalt

Fußnoten

Introduction

Ce phénomène est apparu d’abord dans la noblesse avant de gagner les autres couches de la population. Pour plus d’informations sur l’histoire des noms de famille, nous renvoyons pour les pays de langue allemande à SCHWARZ (1949 : 5874), BACH (1953 : 59126), FLEISCHER (1968 : 85 sqq.), KUNZE (2002 : 5964), GOTTSCHALD (2006 : 45 sqq.), SEIBICKE (2008 : 178203), DEBUS (2012 : 108127) et NÜBLING et al. (2012 : 144155), pour la France à DAUZAT (1925 : 75111, 1945 : 3148), BAYLON & FABRE (1982 : 166180, 183 sqq.), MULON (1994) et au petit fascicule de GUIGOT (2000).

Ce terme fut introduit dans le droit français suite à la laïcisation de l’état civil (loi de l’an II ; 1794), remplaçant ainsi officiellement celui de « nom de baptême » (Taufname ; cf. BRUNOT 1922 : 41, COULMONT 2011 : 7). Auparavant, il était employé uniquement pour désigner la première partie des noms des Romains de l’Antiquité (praenomen, nomen, cognomen). À noter que la position initiale du prénom est souvent invalidée par les pratiques administratives : les formulaires d’inscription, les pièces d’identité, les listes électorales etc. font apparaître en règle générale le nom de famille avant le prénom. Par ailleurs, cet ordre est fréquent à l’oral dans les parlers du sud de l’espace germanophone, notamment en bavarois : Steinbauer-Sepp, Krüger-Lina (SEIBICKE 1993b : 131 sq.).

Par la suite, nous aurons recours, selon l’usage, aux guillemets simples pour indiquer 1) les passages traduits (sauf indication contraire, par nos soins) dans le corps du texte, 2) la signification d’items et 3) l’emploi d’un mot ou d’une expression dans un sens non littéral.

Cette expression est reprise par FLEISCHER (1964 : 369, 1968 : 10).

Le prénom est donc le plus ‘propre’ des noms propres (« ureigener Individualname » ; DEBUS 1987 : 52).

On ne saurait surestimer l’influence de ce choix sur la construction identitaire de l’enfant. Pour plus d’informations sur la dimension psychologique et psychanalytique du (pré)nom, nous renvoyons à KATZ (1964), KRIEN (1973 : 120128), VAXELAIRE (2005 : 655665), SEIBICKE (2008 : 7985) et GUÉGUEN (2008). Les problèmes identitaires causés par le choix du prénom sont thématisés avec humour dans le film Le prénom (2011, réalisé par Alexandre de La Patellière), dans lequel le protagoniste annonce à ses proches qu’il envisage d’appeler son fils Adolphe.

On citera notamment

–pour les langues scandinaves : les deux monographies de HJELMQVIST sur le suédois, l’une consacrée à l’emploi secondaire des noms de personnages bibliques (1901), l’autre à celui des prénoms et noms de famille (1903), les relevés de prénoms employés comme noms communs de GIGAS (189296) et l’étude de BERTELSEN (1911), tous deux portant sur le danois ;

–pour l’anglais : l’étude de ARONSTEIN (1898) et les monographies de REINIUS (1903) et ÖSTBERG (1905) ;

–pour les langues slaves : les remarques de CHRISTIANI (1913 : 323328) ;

–pour les langues romanes : les travaux plus tardifs de MIGLIORINI (1927), centré sur l’italien et le français, et de FARIA (1943) sur le portugais.

N’ayant pu consulter directement les ouvrages suédois et danois, faute de connaissance de ces langues, ni celui sur le portugais, auquel nous n’avons pas eu accès, nous avons pris connaissance des comptes rendus de KAHLE (1902, 1903) sur HJELMQVIST (1901, 1903) et de GONZÁLEZ MUELA (1944) et GUITER (1945) sur FARIA (1943). Nous remercions Peter Andersen (Strasbourg) d’avoir consulté l’ouvrage de BERTELSEN (1911). Les études portant entièrement ou en partie sur l’allemand et/ou le français, dont celles de REINIUS (1903) et MIGLIORINI (1927), sont présentées dans notre état de la recherche.

Emploi motivé, d’après GILLET (2013 : 28), par des raisons phoniques, le prénom restituant approximativement le braiment (Han !, Hi !, Han !).

Plus connu aujourd’hui sous le nom d’épinard sauvage.

Traduit par nos soins, texte original : « Sind nicht die heutige Latinische Tauffnamen von Heyden? Solt Judas Jacobs Sohn, unnd Judas Machabe darumb des ärger sein, dieweil der Verräter Judas also heißt? Wolt darumb der König inn Franckreich all Eseltreiber hencken, weil sie den Eseln Herri ruffen, unnd die Teutsche Seuhirten all ertrencken, weil sie die Seu Heyntzlin heissen, und die Gärtner dem Teuffel schencken, weil sie das Kraut Guten Heynrich nennen, und seine Artzet alle versencken, weil sie dem grossen Arsdarm Lang Heri sagen? Ey das müßt eim doch gar ein heissen Scheiß einjagen. » (FISCHART 1891 [1575] : 164 sq.). Nous remercions Odile Schneider-Mizony (Strasbourg) de nous avoir éclairé sur certains aspects linguistiques et culturels de cette époque.

En français, on le rencontre sous la plume du trouvère Benoît de Sainte-Maure (?-?1173) : « uns traïtre, uns Judas » (Chronique des Ducs de Normandie, 1175 ; TLFi), en allemand sous celle d’Ulrich von Liechtenstein (12001278) : « swelch man gên wîben alsô tuot, / der hât für wâr wol Jûdas muot, / sît er untriuwe an dem begât / der sich gar an sîn triuwe lât. » (Der vrouwen buoch, 1257 ; DW).

Par la suite, les renvois aux dictionnaires et lexiques apparaissent sous forme abrégée. On se reportera à la table des abréviations en début d’ouvrage.

Cet emploi se trouve par ailleurs attesté en alsacien sous la forme Benz/Bënz, issue de Benedikt (FEW) ou de Bernhard (ElsWB).

Afin de distinguer plus clairement les exemples donnés pour les deux langues, ceux tirés du français seront orthographiés avec la minuscule initiale, à l’exception des items dont le statut proprial fait l’objet d’un large consensus de la part des locuteurs (cf. les exemples sous 2.3.2, 2.3.3 et 2.3.5). Les équivalents formels et sémantiques sont séparés par une barre oblique (ex. Judas/judas).

Ce terme, lancé par MAROUZEAU (1950 : 160), a été repris entre autres par DAMOURETTE & PICHON (1968 : 526 sqq.), GARY-PRIEUR (1991b : 17, 1996 : 69), MOLINO (1982 : 12), LAPIERRE (1989 : 588 sqq.) et LEROY (2001 : 225, 2004 : 21).

Cet emploi, qui se rencontre entre autres chez LAPIERRE (1989 : 588 sq.) et GAUDIN & GUESPIN (2000 : 247), est critiqué par BÜCHI (1991 : 140, n. 6) et SCHWEICKARD (1992 : 3 sq.). Ce dernier met en garde contre les confusions et quiproquos que peuvent engendrer de tels détournements terminologiques.

Du nom du physicien Wilhelm Conrad Röntgen (18451923), qui a découvert les rayons X.

Le terme « appellatif » est plus fréquent dans les travaux de linguistique allemande que dans ceux sur le français. MAROUZEAU (1961), l’un des rares auteurs de dictionnaires spécialisés à l’enregistrer, note à son sujet : « terme employé quelquefois par la grammaire traditionnelle pour désigner le nom commun par opposition au nom propre, d’après une dénomination (nomen appellativum) que les grammairiens latins avaient traduite du grec (onoma prosêgorikon). » DUBOIS et al. (2002) retiennent une autre acception en définissant les appellatifs comme « des termes de la langue utilisés dans la communication directe pour interpeller l’interlocuteur auquel on s’adresse en le dénommant ou en indiquant les relations sociales que le locuteur institue avec lui : Madame, êtes-vous prête ? Camarades, tous à la manifestation ! Paul, viens ici ». Dans cet emploi, les appellatifs rassemblent, outre les noms propres, des noms de parenté, des noms spécifiques (Madame, camarade) et des adjectifs (eh, vilaine, viens ici !). Le terme est absent du dictionnaire de MOUNIN (2000).

À l’origine, ce terme désignait l’étude des dérivés de noms propres (LA STELLA 1982 ; la déonomastique). Il a ensuite été appliqué aux dérivés ainsi formés, puis à tout mot issu d’un nom propre (le déonomastique).

Une étude basée uniquement sur des textes, qui dépasserait largement le cadre d’une recherche individuelle, recouperait – du moins en partie – le travail accompli par les lexicographes.

Projet en cours, l’aboutissement du dictionnaire étant prévu pour 2036.

Projet en cours, l’aboutissement du dictionnaire étant prévu pour 2027.

L’un des premiers dictionnaires généraux de l’allemand standard à orientation synchronique (cf. SCHLAEFER 2009 : 132). Johann Georg KRÜNITZ (17281796) s’en inspira largement dans sa monumentale encyclopédie (17731858 ; 242 volumes !), qui contient également des déonomastiques de prénoms (cf. HASS-ZUMKEHR 2001 : 317).

Traduit par nos soins, texte original : « Wunder an Beharrlichkeit, […] Fundgrube und […] Unikum in der Wörterbuchlandschaft » (HASS-ZUMKEHR 2001 : 119).

Consultable en ligne via le DWDS.

Nous avons consulté, en guise de complément, la version en ligne régulièrement mise à jour qui intègre les néologismes les plus fréquents (www.duden.dewoerterbuch).

Le lexicographe Alain REY note au sujet de cet ouvrage : « Le Französisches Etymologisches Wörterbuch de Walther von WARTBURG est sans doute le plus important dictionnaire étymologique jamais mené à bien ; il offre aux spécialistes du français un instrument de travail réellement incomparable, le lexique d’aucune autre langue n’ayant fait l’objet d’une description historique de cette ampleur. » (1971 : 83). Quelques pages plus loin, il le qualifie même de « dictionnaire des dictionnaires » (1971 : 95) !

Pour les autres éditions consultées, nous renvoyons à notre bibliographie.

Pour l’allemand, KÜPPER (2004), TRENDBÜRO (2009) et ELFERS (2015) ; pour le français, LARCHEY (1889), SANDRY & CARRÈRE (1974), CELLARD & REY (1991), MERLE (1996, 2007), CADAREC (2005), DONTCHEV (2007), BRUANT & BERCY (2009), COLIN, MÉVEL & LECLÈRE (2010).

EHMANN (1992, 2001, 2008), PONS (2008), LANGENSCHEIDT (2012, 2013, 2015, 2016) ; GOUDAILLIER (1997), RIBEIRO (2014).

PFEIFFER (1996) ; ÉDOUARD (1983).

HERBERG, KINNE & STEFFENS (2004), STEFFENS & AL-WADI (2015) ; DES ISNARDS (2014).

KÜPPER (1978), MÖLLER (2000), LAUBENTHAL (2001) ; DÉCHELETTE (1918), ARMAND (2012).

BORNEMAN (1974), SKINNER (1999) ; COUROUVE (1985), DELVAU (2011).

AMMON et al. (2004), SEDLACZEK (2011) ; BERGERON (1980), DULONG (1999) et ARMANGE (2010).

RÖHRICH (1992), SCHEMANN (1993), DUDEN (2008) ; HENRY (1992), BERNET & RÉZEAU (2008), TILLIER (2008), BRUNET (2012).

MÜLLER (1964), KÖSTER (2003), ROTH (2014) ; DANSEL (1979), CELLARD (1990), GERMA (1993), LESAY (2004), LOUIS (2005), MAILLET (2005), LEBOUC (2011), MASUY (2011) et l’imposant dictionnaire de GILLET (2013) et son supplément (2016).

Pas moins de trente-deux volumes pour le DW et seize pour le TLF. En comparaison, le dictionnaire des expressions et locutions de RÖHRICH (1992), dont les trois volumes rassemblent 1786 pages, et celui sur l’argot au XXe siècle de BRUANT & BERCY (2009), avec ses 1500 pages, sont plutôt maigres !

KÜPPER (2004) et DUDEN (2008).

Pour le DW et le WDG. Dans le DW, l’entrée Hans contient des renvois à Hänschen (dans l’expression Was Hänschen nicht lernt, lernt Hans nimmermehr), Lachhans, Marterhans (‘lansquenet’), Mosthans (‘amateur de moût’), Plauderhans, Prahlhans, Tölpelhans, etc. La même recherche dans le WDG nous a conduit aux items Hansdampf, Hansguckindieluft, Hansnarr et Hanswurst.

Pour AD, DW, DU, PR et TLFi.

Outre « Vorn. », les meilleurs résultats ont été obtenus par « Vorname » et « prénom », « Name » et « nom », « Kosef[orm] » et « diminutif ».

Il en va de même de certaines expressions comme Als der Alte Fritz noch Gefreiter/noch Fahnenjunker war/noch [mit der Schippe] im Sand spielte (D08) dont l’emploi semble se limiter aux glossaires et dictionnaires de locutions idiomatiques.

Les déonomastiques dialectaux ont d’ailleurs fait l’objet d’un certain nombre d’études, présentées dans notre état de la recherche.

Dont Schweizerisches Idiotikon (ANTIQUARISCHE GESELLSCHAFT 18812012), Wörterbuch der elsässischen Mundarten (MARTIN & LIENHARD 18991907), Thüringisches Wörterbuch (SPANGENBERG 19662006), Mecklenburgisches Wörterbuch (WOSSIDLO & TEUCHERT 19371998).

Ces études ainsi que les dictionnaires sur lesquels elles reposent sont présentés dans notre état de la recherche.

1. État de la recherche

Sur l’importance de cette dichotomie dans l’historiographie linguistique (comme d’ailleurs dans d’autres domaines du savoir historique), nous renvoyons à BAHNER (1981/1983) et à HÖRNER (1981) qui soulignent le rôle central du contexte socioéconomique et institutionnel dans l’évolution des théories linguistiques.

Les seules ‘entorses’ à la présentation strictement chronologique concernent les travaux parus dans un intervalle réduit et qui ont une perspective sur l’objet d’étude et/ou une approche méthodologique similaires.

1.1.1. L’émergence de l’onomastique en Allemagne et en France : des débuts décalés

Deux autres études voyaient le jour à cette époque : celle du pédagogue Johann Christian DOLZ (17691843) consacrée aux noms de baptême (Die Moden in den Taufnamen; mit Angaben der Wortbedeutung dieser Namen, 1825), et un bref essai de Wilhelm WACKERNAGEL (18061869), professeur de langue et littérature allemandes anciennes à l’Université de Bâle (Die germanischen Personennamen, 1837).

Traduit par nos soins, texte original : « Darf ich bei dieser gelegenheit einen wunsch laut lassen werden, der mir sehr am herzen liegt, so ist es der, daß die unbeschreibliche menge althochdeutscher eigennamen, sowol der örtlichen als persönlichen […], von einem rüstigen bearbeiter nach wolüberlegtem plan bald in eine eigne samlung gebracht werden möge, ein buch, aus welchem unsrer sprache und geschichte unfehlbar bedeutender gewinn erwachsen muß, dessen ausführung aber ungemeinen fleiß erfordert: der vorrath ist fast unübersehlich. » (GRIMM 1840 : XVI).

Le second tome, consacré aux toponymes, suivra en 1859.

L’ouvrage de POTT est dédié aux frères GRIMM et à H. Conon von der GABELENTZ (« in Liebe dargebracht, von einem ihrer wärmsten Verehrer »).

Dont Justin SABATIER (17921870), auteur de l’Encyclopédie des noms propres (SABATIER 1865), Philippe-Louis BOURDONNÉ (18051877), qui consacre un ouvrage à l’origine des noms propres (BOURDONNÉ 1868), et Eugène RITTER (18361928), professeur à l’Université de Genève, qui, dans la préface à son essai sur les noms de famille en France (RITTER 1875), ne fait état que des travaux de ses prédécesseurs allemands, entre autres POTT (1853) et FÖRSTEMANN (1856). C’est à la même époque que paraissent quelques dictionnaires d’anthroponymie régionale, dont celui du dialectologue Henri MOISY (18151886) sur les noms de famille normands (MOISY 1875). Pour plus d’informations sur les débuts de l’anthroponymie en France, nous renvoyons à BAYLON & FABRE (1982 : 28 sq., 36 sq.).

Pour plus d’informations sur l’évolution de l’onomastique française, nous renvoyons à la bibliographie des travaux publiés jusqu’en 1985 (MULON 197787) et à celle, plus ciblée, rassemblant les études parues de 1938 à 1970 (MORLET 1981).

1.1.2. Présentation chronologique des travaux

BREMISCHE DEUTSCHE GESELLSCHAFT (éd.), 17671769. Versuch eines bremisch-niedersächsischen Wörterbuchs. 6 vol. Brême : Georg Ludewig Förster.

Traduit par nos soins, texte original : « Ausdruck, der zugleich auf die Verwendung der Nomina propria für Appellativbegriffe und auf deren Verflachung in Appellativworte gienge ». (WACKERNAGEL 1859 : 133).

Dont SCHMELLER, J. Andreas, 18271837. Bayerisches Wörterbuch. 4 vol. Stuttgart, Tübingen : Cotta. – SCHMID, Johann Christoph, 1831. Schwäbisches Wörterbuch, mit etymologischen und historischen Anmerkungen. Stuttgart : Schweizerbart. – STALDER, Franz Joseph, 1806/1812. Versuch eines schweizerischen Idiotikons, mit etymologischen Bemerkungen untermischt. 2 vol. Bâle, Aarau : Samuel Flickisch.

Du nom de l’horloger suisse Abraham-Louis Breguet (17871823).

Du nom de l’armurier français Antoine Alphonse Chassepot (18331905).

Du nom du fabricant de brodequins militaires français Alexis Godillot (18161893), créateur de ce type de chaussures.

Dans son étude Zum Bedeutungswandel im Französischen, Karl MORGENROTH (1900 : 44 sq.) a recours aux mêmes exemples pour illustrer le passage du nom propre au nom commun, qui repose selon lui sur le phénomène fréquent consistant à désigner par un mot une idée secondaire lui étant associée.

Nous nous contentons ici de citer quelques exemples de l’auteur, en retenant en priorité les prénoms.

Du nom du mathématicien français François Barrême (16381703), considéré comme l’un des fondateurs de la comptabilité.

Émile LITTRÉ (1880) note au sujet de ce mot : « Il y a en allemand un vieux livre intitulé Till Ulespiegle, qui décrit la vie d’un homme ingénieux en petites fourberies. Remarquons que Ulespiegel signifie miroir de chouette. Laissant de côté ce qui pouvait se rencontrer de peu convenable dans les faits et gestes du personnage, notre langue en a tiré le joli mot espiègle, qui ne porte à l’esprit que des idées de vivacité, de grâce et de malice sans méchanceté. C’est vraiment, qu’on me passe le jeu de mot, une espièglerie de bon aloi, que d’avoir ainsi transfiguré le vieil et rude Ulespiegle. »

Prénom très répandu à partir du XIIIe siècle (TH09).

Du nom du contrôleur général des finances de Louis XV Étienne de Silhouette (17091767), dont les projets de réformes échouèrent, laissant le souvenir d’actions mal conduites et incomplètes.

Traduit par nos soins, texte original : « Der Übergang der Eigennamen zu den Appellativen ist ein so natürlicher, dasz man demselben in schier allen Sprachen begegnet. » (LEOPOLD 1883 : 218).

À propos de la graphie Meklenburg, nous renvoyons à LISCH (1836 : 174).

La réaction de LATENDORF ne se fit pas attendre. Dès l’année suivante, il clarifie son projet initial en ces termes : ‘Pour l’imposante et intéressante collecte publiée dans ces feuillets, notre collègue Wossidlo mérite la reconnaissance générale. Toutefois, il n’est nullement besoin, pour estimer ses mérites à leur juste valeur, d’éclipser les travaux de ses prédécesseurs. Je n’ai pas voulu établir de glossaire ; mon but était uniquement de donner une idée du phénomène et, dans une certaine mesure, d’éveiller la curiosité, non d’aller plus loin. Ce que j’ai livré était largement en deçà de ce que je pouvais livrer. Ce qui m’importait, et m’importe aujourd’hui encore dans les études sur la langue, ce sont davantage les régularités psychologiques et historiques prises dans un sens général que l’exemple isolé.’ (Traduit par nos soins, texte original : « Die inhalt- und umfangreiche Sammlung, die unser Mitglied Wossidlo in diesen Blättern veröffentlicht hat, verdient allgemeinen Dank. Es brauchen aber um seiner Verdienste willen die Leistungen seiner Vorgänger nicht in den Schatten zu rücken. Ich habe […] keine ‘Sammlung’ beabsichtigt; ich wollte nur andeuten und in gewissem Sinne anregen, nicht ausführen; was ich bot, war weit weniger, als ich bieten konnte. Mir galt, und gilt noch heute in sprachlichen Studien, das allgemeine psychologische oder historische Gesetz mehr, als das einzelne Beispiel. » ; LATENDORF 1885 : 3). L’auteur cite encore quelques exemples de prénoms en emploi phrasémique en usage dans le grand-duché de Mecklembourg-Strelitz, entre autres Brölljochen et Paumichel (‘pleurnichard’ ; bas-all. pauen ‘geindre’) et Smêrlieschen (‘femme portant des habits sales’ ; bas-all. smêren ‘graisser’).

Définitions d’après le MecklWb (s.v. small et Hans) ; littéralement ‘Hans Schmal setzt/senkt alles bei sich hinab’ et ‘Kleiner Hans muss immer unterliegen’. On trouve dans cette catégorie également des constructions comme Johann Klapperben (personnification de la mort) et Johann Hagel (‘populace’) dont le statut proverbial est discutable.

Fiken est un diminutif bas-allemand de Ludowika, Sophie et Viktoria.

‘Il ne sera pas question ici des moyens qui m’ont permis de mettre au jour une partie non négligeable de l’extrême richesse lexicale à laquelle nous n’avions pas accès.’ (Traduit par nos soins, texte original : « Durch welche Mittel es mir gelang, aus der überreichen Fülle verborgen ruhenden Sprachgutes vollere Massen ans Licht zu ziehen, ist hier nicht zu erörtern. » ; WOSSIDLO 1884 : 81).

Dans son ouvrage La pensée et la langue (1922), BRUNOT a recours au déonomastique homonyme les Napoléon ainsi qu’à un gavroche et une Diane pour illustrer la catégorie des « noms propres devenus des types » (1922 : 75).

Du verbe braire, employé dans le nord de la France dans le sens de ‘pleurer’.

Pour ce qui est de l’émergence de la deuxième signification, nous renvoyons à LITTRÉ (1880) : « À ce point, ayant de la sorte une double maladie physique qui diminue notablement la sensibilité de la peau de l’individu, homme ou bête, on est passé […] à un sens moral, attribuant à ladre l’acception d’avare, de celui qui lésine, qui n’a égard ni à ses besoins ni à ceux des autres. »

Dans son étude Pejorative Bedeutungsentwicklung im Französischen (1901/03/05), Karl JABERG (18771958) fournit des explications détaillées sur le processus de péjoration lexicale provoqué par des associations d’idées (cf. 1903 : 61 sqq.). Ce phénomène affecterait particulièrement les mots dont la signification renvoie à une dépendance sociale et auxquels est associée l’idée de dépravation morale (cf. 1903 : 44) ainsi que ceux qui relèvent d’un registre populaire et que les locuteurs des classes supérieures considèrent comme vulgaires (cf. 1905 : 58 sq.). Nous reviendrons sur le processus de péjoration sous 3.3.1.8.

Du nom de la femme de Socrate, présentée comme acariâtre et méchante.

Du nom de l’une des trois furies, Megæra.

Du nom de Jeremias/Jérémie (650580 av. J.-C.), prophète célèbre pour ses lamentations.

Du nom de l’architecte François Mansart (15981666).

Du nom de l’ingénieur écossais John Loudon Mac Adam (17561836).

De St. Joachimstal, ville de Bohême (aujourd’hui Jáchymov) qui fournissait l’argent servant à frapper ces pièces de monnaie.

Oluf THOMSEN (?-?) propose une classification similaire dans son étude, rédigée en danois, sur l’emploi des noms propres comme bases de dérivation en français (1895).

Il s’agit essentiellement du dictionnaire de GODEFROY, Frédéric, 18811902. Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle. 10 vol. Paris : F. Vieweg.

Alfred BÄHNISCH (1856-?) reprend cette classification, à l’exception de la catégorie des inanimés, dans son ouvrage Die deutschen Personennamen (chap. « Vornamen in appellativem und verächtlichem Sinne » ; 1910 : 130 sq.).

MORGENROTH (1893 : 21) décrit le même phénomène pour le français sans toutefois mentionner le cas des prénoms.

Traduit par nos soins, texte original : « In psychologischer Ausdrucksweise lässt sich der Vorgang auch dahin bestimmen, dass eine Nebenvorstellung zur Hauptvorstellung wird; andererseits kann er auch nach unsern bisherigen Kategorien in gewissem Sinne als eine Aufeinanderfolge von Verengung und fundamentaler Erweiterung aufgefasst werden, wie umgekehrt die Metapher sich als Erweiterung mit nachheriger Verengung deuten lässt. » (WAAG 1901 : 134 sq.).

L’auteur cite également Mieze comme dénomination affective du chat, issue selon lui d’un diminutif de Marie. L’origine onomatopéique mi-mi ou miez miez (pour appeler un chat) semble toutefois plus probable (DW, D10).

L’auteur mentionne également en marge le cas du suédois et du français.

Par la suite, les exemples anglais, orthographiés sans majuscule, précéderont les exemples allemands, avec majuscule.

Nous empruntons l’expression « noms formant type » à LEROY (2001 : 222, n. 22 ; cf. p. 44).

Hermann PAUL (18461921) reprend la classification de REINIUS dans ses Prinzipien der Sprachgeschichte (chap. « Wandel der Wortbedeutung » ; 1975 [1880] : 93 sq.).

Otto BEHAGHEL (18541936) souligne la richesse conceptuelle véhiculée par certains mots comme Don Juan (‘coureur de jupons’) qui trouvent leur origine dans les œuvres artistiques (cf. BEHAGHEL 1903 : col. 37).

Traduit par nos soins, texte original : « Class-names […] denote human beings generally, or people of some certain class, trade, origin, and then people of characteristics thought peculiar to that class, trade etc., and generally unfavourable. A depreciative tone lingers also on the more neutral senses above, at least as a humourous touch, whereas historical or literary names are often laudatory. Another difference between these groups is, of course, that historical and literary names, as of more definite associations, have often richer, more particular contents, a more special sense. By a qualifying adjective or compound element, the general obnoxious sense of class-names is reinforced or specialized to denote, as to the exterior, awkward manners, shuffling gait, dirtiness etc., and then interior qualities such as stupidity, laziness, cowardice, arrogance, deceitfulness, lasciviousness, bad temper, loquacity, niggardliness etc. These qualities being expressed by the qualifier, the names adopt the character of depreciative personal suffixes or prefixes. » (REINIUS 1903 : 15 sq.).

Exemple emprunté à HORN (1899 : 53). Dans les dialectes alsaciens, Giftmichel désigne un homme colérique et irascible (ElsWB).

Diminutifs respectifs de Giles, Gillian, Julian, William et de Nikolaus.

Dans la suite de son ouvrage, REINIUS (1903 : 158 sqq.) traite les emplois figurés des noms de nationalité, de parenté et de profession.

Dont MURRAY, James Augustus Henry (éd.), 18841888. A new English dictionary on historical principles. 13 vol. Oxford : Clarendon Press. – SANDERS, Daniel, 18601865. Wörterbuch der deutschen Sprache. Leipzig : Wigand.

Dont WRIGHT, Joseph (éd.), 18981905. The English Dialect Dictionary being the complete vocabulary of all dialect words still in use, or known to have been in use during the last two hundred years. 6 vol. Londres : Frowde. – BERGHAUS, Heinrich, 18801883. Der Sprachschatz der Sassen: Ein Wörterbuch der plattdeutschen Sprache in den hauptsächlichsten ihrer Mundarten. 2 vol. Brandebourg : Müller ; SCHMELLER (cf. n. 57).

Dont GROSE, Francis, 1823. Classical Dictionary of the Vulgar Tongue. Londres : Marchant. – GENTHE, Arnold, 1892. Deutsches [sic] Slang: eine Sammlung familiärer Ausdrücke und Redensarten. Strasbourg : Trübner. – KLUGE, Friedrich, 1895. Deutsche Studentensprache. Strasbourg : Trübner. – HORN (1899).

STAUB, Friedrich & Ludwig TOBLER, 1881 sqq. Schweizerisches Idiotikon: Wörterbuch der schweizerdeutschen Sprache. Frauenfeld : Huber.

MEISINGER (1910 : 3) parle successivement de « Gauner- » et de « Kundensprache », termes employés de manière synonyme (DW, DU). À l’origine, le mot « Kunde » désignait les artisans vagabonds (cf. GÜNTHER 1965 [1919] : 178, HONNEN 1998 : 17).

Du nom de Sébastien Bottin (17641853), éditeur d’un annuaire du commerce et de l’industrie en 1797.

De Méduse, nom de l’une des trois Gorgones, à la tête hérissée de serpents et dont le regard pétrifiait ceux qui la fixaient.

Du nom du théologien français Robert de Sorbon (12011274), fondateur de la Sorbonne.

Qu’il nomme également « Brachylogie » (1906 : 801).

Traduit par nos soins, texte original : « Wie schon ein flüchtiger Blick über die in Betracht kommende Literatur erkennen läßt, hat die wissenschaftliche Namenforschung das Stadium der ersten Anfänge noch nicht erheblich überschritten. Denn trotz einzelner, sehr verdienstvoller Abhandlungen, neben denen die zwar mit anerkennenswertem Eifer ausgeführten, aber infolge der unzulänglichen Methode und mangelnden Kritik wenig zuverlässigen Vorarbeiten für einzelne Dialekte nicht allzu schwer ins Gewicht fallen, kann man, ohne sich einer Übertreibung schuldig zu machen, wohl getrost behaupten, daß dieser Gegenstand auf französischem Boden zurzeit noch keine zusammenfassende, auch nur annähernd erschöpfende und wissenschaftlichen Ansprüchen genügende Darstellung gefunden hat. » (KÖLBEL 1907 : 7).

De Nicolas Chauvin, nom d’un soldat français imaginaire incarnant le patriotisme outrancier pendant la période de l’Empire.

Mentionnons à ce sujet l’étude d’Albert COUNSON (18801933) qui contient une liste de quelque 25 « noms épiques » devenus noms communs, tous issus de la poésie narrative française du Moyen Âge (Fierabras > fier-à-bras, Renart > renard, Roland > ‘homme brave’ dans l’expression désuète faire le roland ; COUNSON 1907 : 401413).

Dont NICOT, Jean, 16062. Thresor de la langue françoyse. Paris : David Douceur. – RICHELET, César-Pierre, 1680. Dictionnaire françois. Genève : J. H. Widerhold. – FURETIÈRE (1690). – DARMESTETER, Arsène, Adolphe HATZFELD & Antoine THOMAS, 18901900. Dictionnaire général de la langue française du commencement du XVIIe siècle jusqu’à nos jours. 2 vol. Paris : Delagrave.

Dont DELESALLE, Georges, 1896. Dictionnaire argot-français & français-argot. Paris : Ollendorff. – DELVAU, Alfred, 18672. Dictionnaire de la langue verte. Paris : E. Dentu.

Dans son ouvrage antérieur Das Leben der Wörter, NYROP (1903 : 103) aborde très brièvement la « Vertauschung von Eigen- und Gattungsnamen », le passage du nom propre au nom commun dont résultent des mots tels que judas (‘traître’) et tartuffe (‘hypocrite’). Conformément à la tradition rhétorique, il considère ce phénomène comme relevant de la synecdoque qui consiste à modifier l’extension d’un mot (ici, par la désignation du genre par l’espèce).

Du nom de Charles VIII (14701498), premier souverain à avoir fait frapper cette monnaie.

Variante régionale de l’expression (den) (heiligen) Ulrich (an)rufen (cf. p. 150).

Le réformateur Jan Hus (vers 13691415) était originaire de Bohème.

Nous renvoyons à ce sujet au compte rendu d’Alfred GÖTZE (18761946) : ‘Les prédécesseurs de Luther, les didacticiens de l’époque du mha. jusqu’à Brant, employaient ce genre de métaphores essentiellement dans le but d’instruire alors que ce qui est déterminant chez Luther, le premier à en faire un usage aussi important, c’est le désir de s’exprimer de manière vivante, forte et expressive.’ (Traduit par nos soins, texte original : « Luthers vorgänger, die mhd. didaktiker bis auf Brant, [wollten] mit dieser art metaphern wesentlich belehren, während bei Luther, der als erster würklich ausgedehnten gebrauch davon macht, der drang zu belebtem, starkem, gefühlsbetonten ausdruck bestimmend würkt. » ; GÖTZE 1924 : 145).

MEISINGER se contente de lister les exemples de manière alphabétique, ce qui est vivement critiqué par Edward SCHRÖDER (1858-1942) : ‘La plus grande faiblesse de cet opuscule est l’absence de toute explication sur l’émergence et les aspects morphologiques de ce type de dénominations.’ (Traduit par nos soins, texte original : « Der schwerste mangel des büchleins ist das fehlen jeder auseinandersetzung über die genesis und morphologie dieser bezeichnungsweise […] » ; SCHRÖDER 1924 : 158).

BAUER, Karl & Hermann COLLITZ, 1902. Waldeckisches Wörterbuch: nebst Dialektproben. Norden, Leipzig : Soltau.

Georg STEINHAUSEN (18661933) consacre une brève étude à l’histoire, à la diffusion et à l’emploi nominal de ce prénom (1893 : 621626).

La plupart des exemples cités figurant dans d’autres listes, notamment celles de MEISINGER (1904/05, 1910, 1924), on est en droit de se demander quelles sont les sources non encore exploitées que TRÖGEL a bien pu utiliser.

L’allemand est également représenté par de nombreux exemples.

Traduit par nos soins, texte original : « ‘spostamenti di significato’, cioè quei mutamenti semantici che vanno correlativi ad un mutamento di concetti (o d’oggetti). » (1927 : 310).

Dont LEXER, Matthias, 1862. Kärntisches Wörterbuch. Leipzig : Hirzel. – SCHMELLER (cf. n. 57). – SCHÖPF, Johann Baptist, 1866. Tirolisches Idiotikon. Innsbruck : Wagner. – VILMAR, August Friedrich Christian, 1868. Idiotikon von Kurhessen. Marbourg, Leipzig : M. Sändig. – ElsWB. – MÜLLER, Josef, 1923 sqq. Rheinisches Wörterbuch. Bonn, Leipzig : Schroeder.

Dont MENSING, Otto, 1927 sqq. Schleswig-Holsteinisches Wörterbuch. 5 vol. Neumünster : Wachholtz. – WOESTE, Friedrich, 1882. Wörterbuch der westfälischen Mundart. Norden, Leipzig : Soltau.

Dont LE ROUX, Philibert-Joseph, 1787 [17181]. Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial. 2 vol. Amsterdam. – LITTRÉ (18631869). – DARMESTETER, Arsène, Adolphe HATZFELD & Antoine THOMAS, 18901900. Dictionnaire général de la langue française du commencement du XVIIe siècle jusqu’à nos jours. 2 vol. Paris : Delagrave. – GODEFROY (18811902), cf. n. 84.

Dont DELESALLE, Georges, 1896. Dictionnaire argot-français & français-argot. Paris : Ollendorff. – SAINÉAN, Lazare, 1920. Le langage parisien au XIXe siècle. Paris : E. de Boccard. – DAUZAT (1929).

Dont GRANDGAGNAGE, Charles Marie Joseph, 18451880. Dictionnaire étymologique de la langue wallonne. 2 vol. Liège : Oudart. – BODY, Albin, 1868. « Vocabulaire des Poissardes du pays wallon (Liège, Verviers, Spa, Malmédy) ». In : Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, 187242.

Dans son compte rendu, MICHAËLSSON (1929 : 113) émet quelques réserves à ce sujet : « Avec le système de l’auteur, on a quelquefois le soupçon que son raisonnement est établi de la façon suivante : X se rencontre comme nom commun, donc X doit être fréquent comme nom propre. Je me hâte d’ajouter que la plupart du temps, l’auteur doit se trouver dans le vrai, mais encore … ». – Notons également que MICHAËLSSON met en lien les résultats de ce travail avec ceux obtenus par MÜLLER : « Il est curieux d’observer les analogies entre ces deux thèses sur bien des points. » (1929 : 110, n. 2).

Apparemment, PETERSON (1929) et DOUTREPONT (1929) ignoraient tout de leurs travaux respectifs.

Dont BOISSIER DE SAUVAGES, Pierre Augustin, 18201821. Dictionnaire languedocien-français. 2 vol. Alais : J. Martin. – FAVRE, Léopold, 1867. Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de l’Aunis. Niort : Robin et L. Favre. – JÔNAIN, Pierre Abraham, 1869. Dictionnaire du patois saintongeais. Royan : l’auteur. – MISTRAL, Frédéric, 18781886. Lou tresor dóu Felibrige ou Dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d’oc moderne. 2 vol. Aix-en-Provence : J. Remondet-Aubin. – PUITSPELU, Nizier du, 18871890. Dictionnaire étymologique du patois lyonnais. Lyon : Henri Georg. – LESPY, Vastin & Paul RAYMOND, 1887. Dictionnaire béarnais ancien et moderne. 2 vol. Montpellier : Hamelin. – LAPAIRE, Hugues, 1903. Le patois berrichon. Moulins : Crépin-Leblond. – VERRIER, Anatole-Joseph & René ONILLON, 1908. Glossaire étymologique et historique des patois et des parlers de l’Anjou. 2 vol. Angers : Germain et G. Grassin. – PIERREHUMBERT, William, 1926. Dictionnaire historique du parler neuchâtelois et suisse romand. Neuchâtel : Attinger.

Nous renvoyons à la liste qu’Eugène ROLLAND (18461909) dédie au prénom Jean dans le folklore et la lexicographie, parue dans l’Almanach des traditions populaires (1884).

L’auteur publie l’année suivante une étude intitulée Der Heilige Johannes im Spiegel der französischen Pflanzen- und Tierbezeichnungen (1932).

Cette notion est définie à la p. 148.

Dont DARMESTETER (1887), KÖLBEL (1907), NYROP (1913), MIGLIORINI (1927) et de nombreux dictionnaires généraux et dialectaux dont certains ont déjà été mentionnés.

Dont WACKERNAGEL (1859/60), SCHULTZ (1894), NEEDON (1896) et MEISINGER (1924).

Dont NADAUD, Gustave, 18522. Recueil de Chansons. Paris : Vieillot. – BLADÉ, Jean-François (éd.), 1882. Poésies populaires de la Gascogne. 3 vol. Paris : Maisonneuve. – LAMBERT, Louis, 1906. Chants et chansons populaires du Languedoc. 2 vol. Paris, Leipzig : Welter.

Citons encore deux brefs articles sur l’allemand, l’un de OSTROP (1937), l’autre de URBACH (1938), qui ne traitent toutefois pas des prénoms. Le premier est consacré aux noms propres à l’origine de nouveaux termes spécialisés dans la langue du sport, le second donne un aperçu de l’appellativisation de plusieurs types de noms propres.

1.2. Les nouvelles orientations à partir du milieu du XXe siècle

Pour plus d’informations sur le statut du nom propre au sein de la théorie saussurienne du signe linguistique, nous renvoyons entre autres à WILMET (1988), GARY-PRIEUR (1991b : 12 sq.) et TESTENOIRE (2008 : 1005 sqq.).

Traduit par nos soins, texte original : « Die Differenzierung der Disziplinen erfolgt beim Übergang vom vortheoretischen zum theoretischen Gegenstandsverständnis, vermittelt über einen spezifischen Methodenkanon. Bei der arbeitsteilig ausdifferenzierten Sprachwissenschaft sind das Untersuchungsverfahren, die die Autonomie der sprachlichen Form voraussetzen, die seit den strukturalistischen Gründerjahren zum sprachwissenschaftlichen Glaubensbekenntnis gehört. Nun ist es aber eine Sache, die sprachliche Form im Hinblick auf die operationalen Verfahren so zu behandeln, als ob sie autonom sei; eine andere Sache ist es, die sprachlichen Form theoretisch als autonom gegenüber der kulturellen Praxis zu deklarieren. Mit dem zweiten Schritt ist einer gemeinsamen Forschung von Sprachwissenschaft und Volkskunde der Boden entzogen […] » (MAAS 1986 : 33 sq.).

Traduit par nos soins, texte original : « Das Verhältnis des Volkes zum Namen und seine daraus zu erschließende Geistigkeit kennenzulernen[, hat daher unser wesentlichstes Ziel darzustellen] » (BACH 1938 : 322). Pour LEROY (2004 : 125), ce lien particulier du nom propre à la réalité extralinguistique fait du nom propre un « signe linguistique à ‘valeur ajoutée’ ».

BACH reprend cette présentation quasiment à l’identique dans sa Deutsche Namenkunde (1952 : 323 sqq., 1953 : 191 sqq.).

Du nom du comte Ferdinand Adolf August Heinrich von Zeppelin (18381917), fondateur de la société Zeppelin et inventeur de ce type de ballons dirigeables.

Du nom du riche propriétaire terrien irlandais Charles Cunningham Boycott (18321897) qui subit un blocus de la part des fermiers travaillant pour lui, provoquant sa ruine.

Alors que des substantifs comme Thusnelda (‘épouse, amante, copine’), louis et napoléon (noms de pièces de monnaie) relèvent bien du deuxième groupe.

Il inclut également quelques verbes (bezirzen ; du nom de la magicienne Circé) et adjectifs (lukullisch ; du nom du général romain Lucullus (11557 av. J.-C.)). L’auteur incite les enseignants d’histoire, mais aussi de sciences et techniques, à exploiter ce type de formations pour enrichir leur enseignement.

On trouvera dans une publication ultérieure de l’auteur (MAROUZEAU 1955 : 120143) la liste alphabétique de tous les exemples cités par l’auteur dans cette étude de 1950.

GEORGE (2002) consacre également un court article au traitement lexicographique des prénoms français dans les dictionnaires d’argot.

Sa classification est largement identique à celle de REINIUS (1903), qui n’est toutefois pas mentionnée.

1.2.1. Travaux à orientation syntaxique

Nous renvoyons entre autres à KALVERKÄMPER (1978 : 326 sqq.), LEYS (1989b), KNOBLOCH (1992 : 453, 456 sq.), KOLDE (1995 : 403 sqq.), LÖTSCHER (1995 : 455), THURMAIR (2002a, 2002b : 90 sqq.) et WEINRICH (2003 : 425) pour l’allemand, à DAMOURETTE & PICHON (1968 : 524 sqq.), NOAILLY-LE BIHAN (1983), KLEIBER (1981, 1992, 1995), GARY-PRIEUR (1994, 1996), JONASSON (1991, 1994 : 171 sqq.), SIBLOT (1997 : 11 sqq.), LEROY (2001 : 91 sqq., 141 sqq.), RIEGEL, PELLAT & RIOUL (1994 : 176 sqq.), VAXELAIRE (2005 : 250 sqq.) ainsi qu’aux contributions dans GARY-PRIEUR (1991a) et LEROY (2005) pour le français.

Grâce à KLEIBER (1981), ce terme emprunté au philosophe BURGE (1973 : 429) s’est implanté durablement dans la recherche onomastique française.

Pour plus d’informations sur la distribution des termes « antonomase » et « métaphore » dans la recherche onomastique française, nous renvoyons à LEROY (2001 : 105 sqq.).

Outre l’emploi métaphorique, JONASSON (1994 : 171 sqq.) relève les types « dénominatif » (Il y a trois Alfred dans le village ; 1994 : 182), « manifestation » (Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le Céline antisémite est un Céline souriant ; 1994 : 171) et « exemplaire » (Pourquoi un Le Pen est-il capable de réunir sous son nom plus d’un Français sur sept ? ; 1994 : 229). La classification et la terminologie de ces emplois secondaires diffèrent quelque peu chez LEYS (1989b), GARY-PRIEUR (1991c, 1994) et WIMMER (2001 : 275 sqq.). MEYER & BALAYN (1981) distinguent pas moins de dix emplois du nom propre. Pour un aperçu de ces différentes approches, cf. LEROY (2004 : 69 sqq.) et VAXELAIRE (2005 : 104 sqq.). Notons que certains de ces emplois sont déjà esquissés chez GARDINER (2010 [1954] : 48 sqq.).

Notons que l’emploi du terme « antonomase » varie selon les auteurs : si GARY-PRIEUR (1996 : 80) le restreint aux seuls noms lexicalisés, analysant les antonomases dites « vives » comme des métaphores, MEYER & BALAYN (1981 : 196 sq.) considèrent que l’antonomase lexicalisée n’est plus une antonomase.

NYROP (1903 : 124) attribue la paternité de ce terme au linguistique danois Jens Otto Harry JESPERSEN (18601943).

La même prémisse se trouve chez DANJOU-FLAUX (1991 : 41) : « Dans le cas de l’antonomase – même lexicalisée –, le référent du comparant est un individu unique, parfaitement identifié, porteur de l’ensemble des propriétés qui le distinguent de tous les autres ; tant que le lien entre le Npr et le référent d’origine n’est pas rompu, il est toujours possible de renvoyer par l’intermédiaire de ce N à l’ensemble infini des prédications qui lui sont imputables. »